OK. Je me suis levé un jour la semaine passée et je me suis dit : «Mais que se passe-t-il dans le corps humain quand on arrête de consommer du cannabis?» Oui, il y a un prix à payer quand on consomme. Personnellement, j’ai appris que lorsque je consomme, je dois renoncer à quelque chose de très important. Je vous en reparle dans la conclusion…
Alors Luc, est-ce le temps de réinitialiser ton corps?
Est-ce le temps non pas d’un reset mais de ce que j’appelle affectueusement un freeset?
Oui, est-ce le temps de faire une pause? Je me permets de partager ces réflexions parce qu’on est entre nous. Si vous avez écouté un seul épisode de toPot, vous savez que je ne suis pas vraiment contre le cannabis. Pas du tout en fait. Est-ce une raison pour arrêter de se poser des questions? Ben non. Donc, je me suis dit :
- Que se passe-t-il dans mon corps quand j’arrête de consommer?
- Est-ce le temps de faire une pause comme j’en fais régulièrement depuis que j’ai consommé à consommer il y a 40 ans?
- Est-ce que les récepteurs du SEC sont comme nettoyés par une abstinence suffisante?
Et très rapidement, je me suis trouvé une vraie excuse pour reporter ma pause. Mon excuse?
Bonne écoute! 😉
Transcription Intégrale de l’épisode #115
# 115 Que se passe-t-il quand on arrête le cannabis?
INTRO THÈME toPot (bruits de porte, etc.)
Vous êtes sur les ondes de ToPot… votre podcast en français sur la science, l’industrie et la consommation du cannabis. Mon nom est Luc Prévost et j’ai le plaisir de vous recevoir dans un cannabistrot virtuel, le toPot.
Bienvenue chez vous!
Mise en garde (en accéléré…)
toPot ne donne aucun conseil. Consultez votre médecin, votre pharmacien, votre avocat, votre journaliste préféré, le législateur, votre député ou la personne de science de votre choix. Aucun des auteurs, contributeurs, commanditaires, administrateurs ou toute autre personne liée à toPot, de quelque manière que ce soit, ne peut être responsable de votre utilisation de l’information contenue dans le podcast.
Segment 0 h
Vous allez bien? Le chanvre est bon par chez vous?
Oh que j’ai vécu un beau retour au potcast avec l’épisode précédent, le 114e de toPot. L’épisode de la semaine passée, le premier depuis mon retour de vacances, a été beaucoup partagé et apprécié. Un gros merci à toute la communauté pour l’aide et l’accueil. Des fois, au détour de ma veille sur les réseaux sociaux, je découvre des gens qui apprécient mon travail et qui le partagent. Ahhhhm c’est toujours précieux, très précieux.
Beaucoup de gens se sont aussi abonnés à bonstock. quebec. WWW.bonstock.quebec est un magazine en ligne sur le Cannabis. Le lancement officiel est dans quelques jours. Pour ne rien rater, vous pouvez vous abonner à l’infolettre Bon Stock en vous rendant sur www.bonstock.québec. Vous ne serez pas seul. Il y a des membres connus de l’industrie et de simples consommateurs. Il y a une seule condition pour s’inscrire gratuitement… Il faut aimer le cannabis.
OK. Je me suis levé un jour la semaine passée et je me suis dit :
Mais que se passe-t-il dans le corps humain quand on arrête de consommer du cannabis?
Oui, il y a un prix à payer quand on consomme. Personnellement, j’ai appris que lorsque je consomme, je dois renoncer à quelque chose de très important. Je vous en reparle dans la conclusion…
Alors Luc, est-ce le temps de réinitialiser ton corps?
Est-ce le temps non pas d’un reset mais de ce que j’appelle affectueusement un freeset?
Oui, est-ce le temps de faire une pause? Je me permets de partager ces réflexions parce qu’on est entre nous. Si vous avez écouté un seul épisode de toPot, vous savez que je ne suis pas vraiment contre le cannabis. Pas du tout en fait. Est-ce une raison pour arrêter de se poser des questions? Ben non. Donc, je me suis dit :
- Que se passe-t-il dans mon corps quand j’arrête de consommer?
- Est-ce le temps de faire une pause comme j’en fais régulièrement depuis que j’ai consommé à consommer il y a 40 ans?
- Est-ce que les récepteurs du SEC sont comme nettoyés par une abstinence suffisante?
Et très rapidement, je me suis trouvé une vraie excuse pour reporter ma pause. Mon excuse? En descendant les marches du patio dans ma cour pour enterrer mon chat qui venait d’être euthanasié pour cause de leucémie, j’ai glissé dans l’escalier. J’avais la main sur le garde-personne heureusement. Mais l’angle de mon bras était mauvais et mon épaule s’est disloquée. Et j’ai amorti ma chute dans la dislocation en arrachant tout au passage. C’était la première fois que cela m’arrivait. Un choc vagal en plus, juste pour bien marquer l’occasion. Après 2-3 jours où mon épaule était comme un bloc de béton, j’ai regagné presque toute la mobilité perdue, mais la douleur est énorme, surtout la nuit. Donc, je me suis dit que c’était une très bonne excuse, presque une bonne raison pour ne pas faire une pause maintenant. Je suis un bas répondeur aux molécules comme l’acétaminophène d’un côté et le cannabis me relaxe alors que le choix est simple. Ce n’est pas le bon moment pour faire une pause cannabis.
Par contre, c’est le temps de la pause café.
Quand je suis au comptoir du toPot, je commence toujours par un café.
Et MJ, Salut, tu vas bien?
Mon habituel avec un verre d’eau STP.
OK. Avant de reprendre le fil de mon raisonnement, j’aimerais simplement citer une évidence qui permet de relativiser non pas mon questionnement, mais la dangerosité du cannabis, bien que je n’aime pas ça en général. La semaine passée, une étude publiée par The Lancet, LA référence dans le genre, donc The Lancet à publier une étude reprise par tous les grands médias mondiaux et même La Presse qui conclue 44,4 % des décès par cancer dans le monde était attribuables à un facteur de risque connu, soit la consommation de tabac et d’alcool.
Donc je disais quoi? Ah oui, je parlais de la dislocation de mon épaule. Donc, est-ce le temps d’une freeset?
Mais si le cannabis est une substance anodine, pourquoi à chaque fois que je pense faire une pause, je pense aux effets du sevrage qui l’accompagne? Hein? Pourquoi?
Je suis ici toutes les semaines à vous parler de cannabis et je me cacherais le fait que je pourrais être dépendant, car je redoute, sans les craindre, les effets du sevrage?
Ben oui, si le pot n’est pas une drogue comme je lis tous les jours sur les réseaux sociaux, pourquoi vais-je vivre des effets physiques déplaisants? Si le pot est un médicament, c’est que je soumets mon SEC à un stress qui pourrait le rendre moins performant quand j’en aurai besoin?
Je me suis dit que c’était une piste intéressante, car elle me force a réfléchir à contrecourant.
Je vous donne un autre exemple…
Hey merci MJ!
Je me questionne aussi sur le fait que le CBD ne serait pas une drogue de performance… Si tous les athlètes en consomment, c’est qu’ils y trouvent un avantage. Et cela nous amène à discuter de la définition du mot psychotropique versus psychoactif. L’amplification versus la lubrification… Est-ce que le psychoactif impliquerait seulement qu’une substance puisse traverser la barrière érigée entre le système sanguin et le cerveau, la barrière hématoencéphalique? Est-ce qu’une substance psychotropique en est une qui affecte l’état mental de l’utilisateur? Mais si le CBD procure un mieux-être qui affecte mon état mental? Vous voyez le genre. Mais c’est aussi une saga pour une autre fois.
Pour amorcer ma réflexion sur le sujet du jour, j’ai commencé par me poser la question incontournable… Que se passe-t-il quand on arrête le cannabis? Quels sont les effets de ce sevrage? Car, je ne connais personne qui n’a pas vécus des effets réels occasionnés par l’arrêt de la consommation du cannabis.
Et cela nous recherche à une grande question existentielle :
Est-ce que le cannabis crée une dépendance?
Car si le cannabis crée une dépendance, cela change beaucoup de choses…
Pour répondre à cette question, on doit d’abord décrire ce qu’est une dépendance…
Une dépendance s’installe parfois de manière sournoise, à l’insu de nos préoccupations immédiates. Parfois de manière immédiate et douloureuse. Je pense ici à la dépendance amoureuse qui peut démarrer sur un coup de foudre… Hollywood nous raconte cette histoire depuis l’invention du cinéma. Le classique du genre est Liaison fatale de Adrian Lyne avec Glenn Close et Michael Douglas.
Dans le monde des drogues, chaque humain réagit différemment. Je connais du monde qui s’effondre après un zopiclon ou un verre de vin. J’en connais d’autres qui ne perdre jamais le nord même s’ils ont une pharmacie derrière la cravate.
On peut donc être dépendant affectivement, dépendant au tramadol, dépendant au café, au tabac, à l’alcool, au travail, au sucre… La dépendance a le dos large. Certains iront jusqu’à dire que le Québec vit une dépendance par rapport au Canada… Mais c’est une saga pour une autre fois.
Si on s’en tient aux problèmes de substances, la dépendance transforme la consommation occasionnelle en usage puis en abus. La dépendance, aussi appelée addiction, finit par controler la vie de l’usager en imposant un fil ininterrompu de pensées reliées à la consommation.
Et pour lancer notre conversation à distance, je vais prendre le café comme exemple, car il est moins stigmatisé que le cannabis et que l’introspection volontaire est réellement facile tellement le café est une drogue banalisée.
Tout le monde boit du café. Certains philosophes ont dit qu’il n’y a jamais eu de grandes civilisations sans café comme drogue de grande consommation. Pourquoi j’utilise le mot drogue pour parler du café? Si vous vous posez la question, c’est que vous n’avez jamais tenté d’arrêter d’en boire. Et si vous avez déjà tenté de stopper de boire du café, vous comprenez exactement ce que je veux dire… Le café peut provoquer de l’insomnie, de l’hypertension, il peut aussi déshydrater et donner des maux de tête. Comme le THC qui est présent dans plus d’une plante, on retrouve de la caféine dans une soixantaine de plantes dont le thé et le cacao sont les plus connus.
Je ne reviendrai pas sur le mécanisme qui fait passer la caféine de l’estomac à la circulation sanguine pour ensuite stimuler le système nerveux central. Certaines personnes peuvent boire du café avant de se coucher sans problème. D’autres doivent limité leur consommation, car le café leur donne des brulements d’estomac. Voilà ce que je disais dans l’épisode 5 dédié au café et au cannabis.
Je vous pose une question personnelle : pour bien dormir le soir, vous devez limiter votre consommation à combien de tasses de café par jour?
Je vous entends de loin là : 2, 3, 5, 6 cafés par jour, ça dépend pour chacun. Ça dépend de quoi? Ça dépend entre autres de votre SNC… et de ce qui s’appelle la loi de l’effet. La loi de l’effet est un concept très simple, mais très puissant qui s’articule en trois temps.
- Chaque être humain est une usine différente de celle du voisin ou même du frère ou de la sœur. On peut être haut répondeur à telle ou telle molécule et faible répondeur à telle ou telles autres molécules. Moi je suis haut répondeur au café et bas répondeur à l’acétaminophène.
- La substance consommée n’est jamais la même dans le cas des drogues récréatives.
- Troisième et dernier élément de la loi de l’effet, le contexte. Boire du champagne quand on est triste ne provoque pas les mêmes effets qu’après avoir gagné la Coupe Stanley…
Voici ce que je disais dans l’épisode 5 à propos du café…
… faut que je vous raconte l’histoire de Floyd Landis. Landis est un producteur de CBD aux États-Unis. Mais avant ça, c’était un coureur cycliste. Toujours dans la drogue. Le champion Lance Armstrong l’avait repéré et voulait l’avoir comme équipier. Alors Armstrong donne rendez-vous à Landis dans un café à Gérone en Espagne. Quand Armstrong arrive, Landis est déjà assis à la terrasse et boit un cappucino. Il en offre un à Armstrong. Et un deuxième. Et un troisième. Armstrong lui demande alors : «Heille gars, ça fait combien que tu bois?»
28 répond Landis.
28 cappucinos juste pour commencer la journée…
Je vous raconte cette histoire pour illustrer plusieurs éléments différents. Les éléments de ce que la science appelle la loi de l’effet.
Landis est l’exemple parfait du problème d’accoutumance ou la dose doit être augmentée sans cesse pour maintenir le niveau et la qualité de l’effet. C’est bon pour le café, mais aussi pour les amphétamines par exemple, la drogue des ploucs en cyclisme.
OK, luc, mais c’est quoi les symptômes génériques de la dépendance? Ça tombe bien, je les ai recensés.
Les symptômes génériques de la dépendance sont les suivants :
- Tremblements
- Transpiration excessive
- Irritabilité
- Concentration difficile
- Troubles du transit
- Sommeil troublé
- Anxiété
- Attaques de panique
- Maux de tête
- Vertiges
- Douleurs physiques
- Fatigue
- Hallucinations…
Ça ressemble aux symptômes de sevrage du café… sauf pour les hallucinations.
Pouvant survenir 12 heures après la dernière ingestion, ces symptômes dureront entre 2 et 10 jours selon les individus et les habitudes de consommation.
La recherche Caffeine Withdrawal publiée en avril 2022 résume bien la situation… et là c’est plus ou moins texto…
La caféine est un stimulant du système nerveux central (SNC) de la classe des méthylxanthines et l’une des drogues les plus utilisées dans le monde. La caféine est légale, pas cher et non règlementée dans presque toutes les régions du monde. De multiples études ont démontré que le syndrome de sevrage à la caféine est une entité cliniquement pertinente et qu’il est inclus dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e édition; DSM-5; American Psychiatric Association, 2013).
Les médecins travaillant dans les services d’urgence (ED) et à l’hôpital doivent connaitre ce syndrome lorsqu’ils rencontrent des patients présentant des symptômes pertinents, car ils se superposent à des symptômes tels que l’anxiété, la dépression, les troubles de l’humeur, l’insomnie. Ils peuvent également être à l’origine de signes vitaux anormaux, comme la tachycardie, l’augmentation de la fréquence respiratoire et une pression artérielle basse ou élevée, et à ce titre, ils peuvent présenter un défi diagnostique et/ou être à l’origine d’un bilan inutile aux urgences.
Maintenant que nous avons un terrain commun, grâce au café, pour comprendre la base du concept de dépendance, on peut regarder comment la dépendance et le sevrage du cannabis opèrent…
Quels sont les signes de la dépendance au cannabis avant de voir les symptômes du sevrage?
Est-ce que tu passes tes journées à penser à ta consommation et tes achats de produit? Ça commence mal… Quand la vie quotidienne est centrée autour de la consommation, il y a une perte évidente de qualité de vie et d’autonomie. Qu’il s’agisse d’héroïne ou de cannabis… La France a déjà eu un immense ministre de la Culture qui était un consommateur fonctionnel d’opium. Alors oui, on peut consommer des substances tout en étant fonctionnel. Mais un consommateur peut être fonctionnel et en état de dépendance face au cannabis ou à l’héroïne.
La traitrise des substances provient de leur accaparement progressif, mais sournois de l’espace mental…
Il y a plein de gens, la majorité peut-être, qui ne développeront jamais de problèmes d’accoutumance lourds au cannabis. Par contre, c’est officiel, le cannabis fait maintenant partie du fameux DSM-5, le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders. En français, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.
La plus récente version combine les diagnostics d’abus et de dépendance à un nouveau et unique trouble d’utilisation d’une substance.
Dans les Critères diagnostiques du trouble d’utilisation du cannabis, une utilisation problématique du cannabis est révélée par l’apparition d’un minimum de 2 des 11 critères suivants sur une période de 12 mois.
Le DSM-5 propose des niveaux de sévérité.
La présence de 2-3 symptômes indique une sévérité légère.
4—5 symptômes? Sévérité modérée
6 symptômes ou plus? On tombe dans la sévérité sévère.
Voici donc ces critères du DSM-5 pour reconnaitre une consommation de cannabis qui relève de la dépendance :
- Augmenter la consommation en quantité et fréquence
- Tenter de diminuer ou de controler la consommation du cannabis
- Consacrer de plus en plus de temps à l’obtention et à la consommation
- Penser à sa consommation de plus en plus fréquemment
- Manquer à ses obligations pour consommer ou à cause de la consommation
- Ne pas stopper sa consommation pour rectifier l’apparition de problèmes causés par cette dernière
- Réduire ses activités sociales et autres pour consommer
- Consommer à des moments de risques physiques
- Consommer en dépit d’être conscient des problèmes causés par le cannabis
- Tolérer de plus en plus le cannabis
- Vivre un sevrage sévère ou consommer pour éviter le sevrage.
En complément, le DSM-5 propose des critères et des symptômes nouveaux pour le sevrage du cannabis.
Critère 1 Il faut arrêter de consommer après une utilisation quotidienne sur plusieurs mois
Critère 2 Il faut, après une semaine sans consommation, oui justes 7 petits jours, faire l’expérience de 3 ou plus des états suivant :
- Irritabilité, agressivité ou colère
- Nervosité ou anxiété
- Trouble du sommeil
- Diminution de l’appétit ou perte de poids
- Agitation
- Humeur dépressive
- Une gêne physique réelle causée par l’un des facteurs suivants : douleur abdominale, tremblements, sueurs, fièvre, frissons ou maux de tête
Le DSM-5 propose ensuite un critère sur les effets du sevrage que nous venons de voir. Si le sevrage crée globalement de la détresse ou une modification des comportements sociaux et professionnels, il y a un problème. Merci DSM-5!
Le DSM-5 propose également de vérifier que les signes, les symptômes, que nous venons de détailler ne sont pas causés par une condition médicale ou mentale différente. C’est gentil. 😉
Finalement le DSM-5 nous informe que la majorité des symptômes apparaissent rapidement, soit entre un et trois jours après l’arrêt de la consommation. Les symptômes culminent dans la première semaine, mais peuvent durer jusqu’à deux semaines. Les troubles de sommeil? Ça peut prendre un mois…
Ne reculant devant aucun sacrifice, j’ai regardé sur YouTube des tonnes de vidéos ou l’on explique les difficultés pour stopper l’usage du cannabis. Tous reprennent les symptômes que je vous ai déjà présentés. Beaucoup de ces vidéos m’ont aussi parlé de Dieu qui était là pour m’épauler dans mes choix d’abstinence. Je remercie aussi tous ces Dieux-là ! Ce que je retiens de ces vidéos, c’est qu’il y a beaucoup plus de gens qui ont des problèmes de consommation que je le croyais. Les témoignages sur les difficultés pour arrêter sont parfois très émouvants.
Il est important de dire que le DSM-5 ne fait pas l’unanimité. On accuse ses auteurs de vouloir transformer en besoin de soins, des états humains normaux. Tous les symptômes que nous avons vus précédemment peuvent exister chez une personne en bonne santé physique et mentale.
Alors la question qui s’est ensuite imposé à mon esprit est la suivante :
Quel est le % de la population qui va développer des problèmes de consommations?
Il y a peu de chiffres. J’ai trouvé une recherche publiée en 2015 par le National Institute on Drug Abuse, le NIDA, qui affirmait alors que 30 % des consommateurs de cannabis vont développer un problème d’utilisation. La recherche conclut que l’augmentation de la prévalence des troubles liés à la consommation de marijuana est due à une augmentation de la prévalence des consommateurs dans la population adulte américaine et non pas à une augmentation du risque. Donc selon cette étude, un consommateur de cannabis sur 3 va développer des problèmes de consommation. Si on accepte ce %, cela veut dire que 70 % des consommateurs n’auront jamais aucun problème de dépendance au cannabis. C’est une bonne nouvelle, je crois. Même si je ne crois pas trop au chiffre de 30 %. Si vous connaissez des chercheurs qui ont des chiffres pour le Québec ou le Canada, faite-moi signe. Il est clair que je préfèrerais faire parler un spécialiste. Si vous êtes un spécialiste et que je dis des bêtises, vous avez l’obligation morale de m’appeler pour me corriger. Luc Prévost. 450. 552.35.05.
J’ai été chanceux de découvrir une étude de 2007 dans laquelle le même NIDA affirmait que seulement 9 % des consommateurs qui allaient développer un problème de consommation de cannabis. En quelques années, le profil des consommateurs à risque serait donc passé de 9 % à 30 %… Je n’ai pas d’explication. J’ai bien sur une OVNI, une opinion vulgaire non informée sur le sujet, mais elle est trop ridicule pour que je la partage…
Alors, sait-on pourquoi certaines personnes vont devenir dépendantes et d’autres pas? Moi, je ne sais pas. Et je n’ai pas trouvé d’explications scientifiques récentes assez substantielles pour les partager.
Par contre, je peux vous parle de Rat Park. C’est le nom d’une expérience du chercheur Bruce Alexander qui date déjà des années 70. À l’époque on savait déjà que des rats isolés seuls dans une cage avec deux bouteilles de liquides, une remplie d’eau pure et l’autre remplie d’eau coupée avec de la cocaïne ou de l’héroïne, et bien ces rats allaient boire de l’eau coupée avec de la drogue jusqu’a une overdose mortelle. Alexander à osé penser, à l’extérieur de la cage si je peux me permettre. Le chercher a osé se demander s’il s’agissait d’un problème de rat ou d’environnement. Son expérience était simple à réaliser… Il a repris les mêmes deux bouteilles, mais il les a disposées dans un parc à rat, comme un skate park, où les rats pouvaient jouer, socialiser et baiser. Le résultat final? Les habitants du parc à rat préféraient l’eau plate. Les rats qui prenaient de la drogue dans la deuxième bouteille le faisaient par intermittence, sans compulsion et sans surdose.
Je connaissais l’existence de cette étude depuis plusieurs années, mais c’est aussi la première fois que je lisais dans ma recherche pour l’épisode que d’autres chercheurs ont tenté de reproduire l’expérience d’Alexander sans succès. Cela ne veut pas dire qu’elle est mauvaise. Cela veut dire qu’il y a des doutes.
L’augmentation supposée des niveaux de THC depuis les années 70 est souvent avancée comme raison des problèmes d’accoutumance. J’avoue ne pas trop y croire, mais je ne vous demande de me croire.
On sait que les enfants de parents alcooliques peuvent avoir une prédisposition génétique pour l’alcool. Une étude de 2020 soutient que l’usage problématique du cannabis pourrait avoir une composante génétique similaire. Du coup, il serait possible de faire une une distinction entre la responsabilité génétique dans l’usage inapproprié du cannabis versus le trouble de l’usage du cannabis qui serait de la responsabilité de l’individu. Il est évident que les enfants de parents alcooliques ont des tonnes d’autres bonnes raisons pour vivre un dérèglement de leur pilote automatique dans la vie. Tout comme l’obésité est un phénomène contagieux, une enfance pas normale a de fortes chances de venir nous embêter aux détours de nos consommations et autres excès. Après tout, la santé mentale est aussi importante que la santé physique pour évoluer sereinement dans son environnement.
Je ne ferai pas le tour des traitements disponibles pour les gens qui voudraient arrêter de consommer. J’ai envie de dire… Faites vos recherches et consultez! Mais en gros, j’ai trouvé 3 grands types de thérapie.
- Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
- Gestion des imprévus par la récompense
- La thérapie d’amélioration de la motivation
Une thérapie ne vous amuse pas?
Vous avez trois solutions de type volontaristes.
- Vous pouvez changer votre environnement social
- Vous pouvez vous concentrer sur vos raisons spécifiques pour arrêter de consommer
- Vous pouvez trouver des nouveaux passetemps.
J’imagine que votre médecin pourrait aussi vous prescrire un assommoir chimique pour vous calmer le pompon pendant que vous décrochez de votre dépendance. Le problème de cette solution est que vous risquez de devenir accro à une substance plus dangereuse que le cannabis…
On a vu ce que le corps peut subir comme stress ou symptômes quand on arrête de consommer du cannabis. Mais que se passe-t-il au niveau du SEC? Ça tombe bien, il y a une recherche de 2012, ce n’est pas la seule évidemment, qui a trouvé ceci et la je cite texto :
La consommation chronique de cannabis peut entraîner une dépendance. Des études sur les rongeurs montrent une régulation réversible à la baisse des récepteurs cannabinoïdes CB1 (récepteurs cannabinoïdes de type 1) du cerveau après une exposition chronique au cannabis. Cependant, on ne sait pas si cette régulation se produit chez les humains qui fument du cannabis de façon chronique.
Cette recherche a donc démontré qu’après 4 semaines d’abstinence, la densité des récepteurs CB1 est revenue à la normale. Vue négativement ou dans une perspective du contrôle des méfaits du cannabis comme dirait le législateur québécois, la régulation négative des récepteurs cannabinoïdes CB1 corticaux en tant que neuroadaptation pourrait favoriser la dépendance au cannabis dans le cerveau humain. Autrement dit, trop consommer stresse le SEC et crée une dépendance.
On sait aussi que le cannabis pour l’humain peut être soit gratifiant soit aversif. Je connais plein de gens qui doivent arrêter de consommer dans la soixantaine, car les effets négatifs du cannabis sont devenus exorbitants en comparaison des plaisirs obtenus.
Et là on retrouve la réponse à la question posée dans cet épisodique. Que se passe-t-il quand on arrête le cannabis? Et bien cela peut varier d’un individu à l’autre, car l’expression des récepteurs CB1 et CB2 peut différer dans le cerveau de différents sujets.
C’est comme le café. Ou le ritalin.
Alors, que se passe-t-il quand on arrête le cannabis?
J’ai lu une belle histoire dans un article sur le cannabis.
Une fois, c’est l’histoire d’un gars qui trouve que sa consommation d’alcool devient problématique. Ok. Il arrête de boire et commence a fumer du cannabis. Le gars réalise qu’il est super bon pour ses enfants quand il a un peu consommé avant de mettre sa casquette de papa. Tout est devenu plus facile, même de transporter ses enfants au soccer. Et que se passe-t-il quand il doit faire ces taches à jeun? S’occuper de ses enfants devient plus lourd et pas drôle…
Il n’existe aucune drogue sans effets négatifs. Aucune. On sait que le syndrome de la bouche sèche est un effet secondaire connu qui serait dû à l’activation des récepteurs CB1 par le THC tandis que simultanément le CBD s’y oppose, avec une puissance similaire.
C’est un effet secondaire qui se remarque facilement. Il est impossible qu’il n’y ait pas d’autres effets secondaires plus discrets. Si notre SEC existe pour réguler le corps par homéostasie, on peut penser que chaque bouffée de fumée ou chaque mangeable de cannabis ingurgité vient noyer notre SEC dans un déluge supplémentaire de molécules exogènes, qui ne proviennent donc pas naturellement de notre corps.
Je prends le sang comme exemple. Chaque humain a une quantité X dans son corps. Je connais des gens qui vont en Suisse pour le faire changer. Cela permet d’éviter de faire une longue cure de désintoxication de cocaïne par exemple. Mais je ne connais personne qui va tenter d’augmenter son volume total de sang.
IL est quelle heure? Oh c’est l’heure. Et MJ Merci beaucoup! Bonne semaine.
On se ramasse!
Que se passe-t-il quand on arrête le cannabis?
La majorité des gens semble sortir d’un état qui ressemble à une intoxication.
Du latin classique toxicum, «poison». Comme dans le mot toxine.
Je ne suis pas sur que le mot intoxication soit le bon.
Mon dictionnaire me dit qu’une intoxication est l’Effet nocif d’une substance toxique sur l’organisme ainsi que l’ensemble des troubles qui en résultent.
Le corps humain ne fabrique pas d’alcool. Voilà la différence. L’humain à un SEC. Pas une distillerie.
Mais même s’il n’y a pas d’intoxication, on pourrait parler d’un surplus, disons, il est clair que la plupart des humains qui cessent de consommer vont vivre un sevrage et des problèmes biopsychosociaux.
Le prix à payer va différer pour chaque individu.
Personnellement, en fumant, j’ai appris que je dois renoncer à me rappeler de mes rêves. C’est un prix qui parait ridicule. Mais les rêves ont une fonction. Cette fonction est-elle moins importante dans l’histoire de l’humanité que la découverte du cannabis? Je ne sais pas, mais j’en rêve… quand je suis réveillé.
Et voila, c’était le XXe épisode de toPot.
Questions, commentaires, critiques n’hésitez pas à m’écrire : lucprevost@hotmail.com.
Je vous remercie pour votre écoute, vos partages et vos suggestions.
Allez!
Bonne semaine.
Beaucoup de bienêtre.
Et bon chanvre!