Pourquoi un épisode sur les soins pour les animaux avec le cannabis? Et je précise qu’aucun animal n’a été blessé pour réaliser le visuel de l’épisode. Donc, c’est une nouvelle de la semaine passée sur la hausse des visites d’enfants aux urgences causée par les mangeables et autres produits de cannabis qui m’a fait réfléchir. Les bébés c’est important. Les jeunes enfants aussi. Les adolescents aussi. Même s’ils ont 21 ans moins un jour.
Et pourquoi pas les animaux de compagnie?
Parce que personne n’aime voir souffrir des êtres chers, qu’il s’agisse d’un animal humain ou non humain. Du point du propriétaire ou du maitre, le mot est moins gros…, c’est une évidence. Mais il y a aussi le commerce. Alors aujourd’hui, je partage mes découvertes et mon parcours sur l’utilisation du cannabis et leurs effets voulus ou pas pour les animaux de compagnie.
On ne peut évoquer le mieux-être potentiel sans s’intéresser aux dangers d’une consommation non désirée.
Je nous donne une perspective… En 2014, aux États-Unis, les dépenses pour les animaux de compagnie frisaient le 60 milliards de dollars américains. Il s’agissait d’une augmentation de 5 % sur 2013. On saute en 2020. Le American Pet Products Association évoquait un marché de 95, 5 milliards É.-U..
Au Québec, c’est Fabien Déglise qui, je crois, a été un des premiers journalistes à s’intéresser au sujet. Voilà texto ce qu’il écrivait en novembre 2018 dans Le Devoir…
Bonne écoute!
Transcription intégrale de l’épisode #116
#116 Docteur, mon chat peut-il consommer?
INTRO THÈME toPot (bruits de porte, etc.)
Vous êtes sur les ondes de ToPot… votre podcast en français sur la science, l’industrie et la consommation du cannabis. Mon nom est Luc Prévost et j’ai le plaisir de vous recevoir dans un cannabistrot virtuel, le toPot.
Bienvenue chez vous!
Mise en garde (en accéléré…)
toPot ne donne aucun conseil. Consultez votre médecin, votre pharmacien, votre avocat, votre journaliste préféré, le législateur, votre député ou la personne de science de votre choix. Aucun des auteurs, contributeurs, commanditaires, administrateurs ou toute autre personne liée à toPot, de quelque manière que ce soit, ne peut être responsable de votre utilisation de l’information contenue dans le podcast.
Vous allez bien? Le chanvre est bon par chez vous?
Cela fait deux, trois épisodes consécutifs où je parle des effets du cannabis sur la santé des humains. L’épisode de la semaine passée, le 115e, qui posait la question Que se passe-t-il dans mon corps quand j’arrête de consommer du cannabis a eu un énorme succès. Je tiens d’ailleurs à remercier Mélanie Forget qui est modératrice d’un gros groupe sur Facebook. Elle a partagé l’épisode et j’ai découvert plein de choses que j’ignorais grâce aux interventions des membres de la communauté Spotted SQDC. Le groupe Reddit a aussi été très réceptif. C’est d’ailleurs une communauté à connaitre, car elle regroupe plus de 35 000 personnes. Le post que j’ai fait pour l’épisode a été vu plus de 7000 fois. Merci Reddit SQDC. Merci, Mélanie!
J’en profite pour faire une petite mise au point technique. Je réalise que je ne dis pas toujours qu’il y a, pour chacun des sujets que j’aborde des avis contraires… Il y a plein de recherches qui tentent de prouver que le cannabis est un fléau. Mon approche est simple. Je tente d’aborder ce qui est porteur d’espoir sans jamais oublier les bémols des recherches que je partage. Un jour, j’espère, j’aurai un réseau assez développé pour pouvoir commenter toutes ces recherches en laissant la parole aux experts et de sachants du Québec et d’ailleurs.
Et finalement, le magazine Bon Stock avance. La première infolettre est sortie. Des nouveaux abonnés se sont joints au groupe. Je continue d’écrire des articles. Je viens tout juste d’en terminer un sur le Fruit Tartar Haze, un cultivar inédit cultivé par Michaël Baril chez JMF Growers. Plein de photos et des infos précises sur ce cultivar qui est maintenant disponible.
OK. On revient à nos affaires et à l’épisode de la semaine.
Pourquoi un épisode sur les soins pour les animaux avec le cannabis? Et je précise qu’aucun animal n’a été blessé pour réaliser le visuel de l’épisode. Je n’ai laissé un chat se rouler un joint en ma présence. Non, c’est non. La sécurité de tous les animaux est importante sur toPot.
Donc, c’est une nouvelle de la semaine passée sur la hausse des visites d’enfants aux urgences causée par les mangeables et autres produits de cannabis qui m’a fait réfléchir.
Les bébés c’est important. Les jeunes enfants aussi. Les adolescents aussi. Même s’ils ont 21 ans moins un jour.
Et pourquoi pas les animaux de compagnie?
Je pense à Édie ma petite chatte atteinte de leucémie qui est maintenant enterrée dans notre cours. Je pense aussi à Gougou le beau chat noir de Mel et Julie, deux influenceuses cannabis partout présentent. Je viens de voir quelques photos de Gougou sur FB. Bonjour à vous trois!
Techniquement, je suis allergique aux chats, mais ce n’est pas cher payé pour être heureux en couple. J’ai aussi des questionnements, des problèmes de fonds en fait, sur toutes les relations de dépendance. Et je connais des tonnes de véganes qui ne comprennent pas ça. Mais c’est une saga pour une autre fois.
Ah oui, mon épaule va mieux. Je ne prends aucun médicament et on avait à la maison une vieille bouteille de comprimés d’acétaminophène. Bas répondeur. Je suis allé voir ma pharmacienne et maintenant je sais que je suis un haut répondeur à l’ibuprofène. La vie est belle.
Alors pourquoi est-ce important de parler des soins animaux avec du cannabis? Parce que personne n’aime voir souffrir des êtres chers, qu’il s’agisse d’un animal humain ou non humain. Du point du propriétaire ou du maitre, le mot est moins gros…, c’est une évidence. Mais il y a aussi le commerce. Alors aujourd’hui, je partage mes découvertes et mon parcours sur l’utilisation du cannabis et leurs effets voulus ou pas pour les animaux de compagnie.
On ne peut évoquer le mieux-être potentiel sans s’intéresser aux dangers d’une consommation non désirée.
Je nous donne une perspective… En 2014, aux États-Unis, les dépenses pour les animaux de compagnie frisaient le 60 milliards de dollars américains. Il s’agissait d’une augmentation de 5 % sur 2013. On saute en 2020. Le American Pet Products Association évoquait un marché de 95, 5 milliards É.-U..
Au Québec, c’est Fabien Déglise qui, je crois, a été un des premiers journalistes à s’intéresser au sujet. Voilà texto ce qu’il écrivait en novembre 2018 dans Le Devoir.
Qu’est-ce que je disais? Ah oui, Fabien Déglise, journaliste au Devoir, écrivait ceci un mois après le début de la légalisation :
Les dépenses pour les animaux domestiques sont en croissance au Québec où, en 2016, selon Statistique Canada, elles ont atteint 1,7 milliard de dollars, pour 16 millions de compagnons à poils. Le marché des médicaments vétérinaires à base de cannabis, mais également des biscuits, des gâteries et des produits d’hygiène, dont les crèmes et les shampooings pour animaux, issus de cette plante est estimé à plusieurs millions de dollars annuellement.
Évidemment, au Québec, dans le ROC et dans le reste du monde entier, ces chiffres font saliver.
Depuis les débuts de la légalisation, je regarde qui fait quoi, qui dit quoi au sujet des soins pour les animaux avec le cannabis. Voici donc ce que j’ai initialement observé. Ai-je tout vu? Non. Ma veille était moins performante au début de la légalisation.
Alors selon qui selon a fait entendre sa voix en premier?
Le 15 mars 2018, 7 mois avant le début de la légalisation, c’est l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux, l’AMVQ, qui communique les résultats d’un sondage sur les causes les plus fréquentes de consultation pour intoxication chez les chiens. Pour la petite histoire, l’AMVQ existe depuis les années 50… Et elle fait à chaque novembre une campagne de sensibilisation à la douleur animale.
Alors quelles sont les causes les plus fréquentes d’intoxication chez les chiens au Québec?
- chocolat (31 %)
- médicaments pour humains (25,7 %)
- cannabis (17,6 %)
- rodenticides/insecticides (14,3 %)
- plantes toxiques (7,4 %)
Et les causes d’hospitalisations? Oui comme chez les humains, une intoxication ne signifie pas obligatoirement une hospitalisation.
- médicaments pour humains arrivent aussi en tête (27 %)
- chocolat (24,7 %)
- cannabis (23,2 %)
Et dans la vraie vie, cela veut dire combien de cas?
L’AMVQ estime que juste pour l’année 2017, entre 700 et 900 chiens victimes d’intoxications au cannabis ont consulté un médecin vétérinaire en pratique générale. L’histoire ne dit pas si les chiens ont appelé pour prendre rendez-vous et comment ils ont payé… C’est d’ailleurs cette formulation qui a inspiré le titre de l’épisode.
La légalisation canadienne est probablement partiellement responsable de l’augmentation des cas de toxicoses chez les animaux de compagnie. Mais il ne faut pas oublier le volet du cannabis médical. Beaucoup de patients font pousser du stock dans leur sous-sol ou dans une pièce à laquelle leurs animaux ont accès. Mais personne ne tient ce genre de statistiques au Québec. Il n’y a pas de registre du cancer… Alors imaginer un compte précis de ces types d’incidents relève de la magie.
Ce que l’on dit rarement, car cela ferait moins peur aux maitres, c’est que la plupart des cas d’empoisonnement au cannabis se terminent bien sans effets néfastes à long terme. Comme pour les humains. Mais le maitre est responsable. Toujours, 100 % du temps. Comme pour la consommation des mangeables par les enfants. Seuls les parents peuvent être blâmés.
Mais comment soigne-t-on les overdoses des animaux non humains?
J’ai cherché.
J’ai trouvé.
Je vous en reparle dans la conclusion de l’épisode.
Bon, la première question que je me pose est la suivante?
Pourquoi le cannabis fonctionnerait sur les animaux non humains?
Les animaux humains, on le sait, disposent du SEC, le système endocannabinoïde. Mais les autres animaux? J’ai été chanceux, car j’ai trouvé la recherche de Robert J. Silver publiée en 2018 intitulée Le système endocannabinoïde des animaux. Voici texto le résumé simple de son papier :
Notre compréhension du système endocannabinoïde des animaux, et de son omniprésence chez presque tous les membres de la famille animale, a ouvert la voie à de nouvelles approches visant la gestion de la douleur, la thérapeutique du cancer, la modulation des troubles neurologiques, la réduction du stress, la gestion de l’anxiété et les maladies inflammatoires.
J’ai parcouru la recherche et voici ce que je comprends.
- Le système endocannabinoïde est présent chez presque tous les animaux,
- Pour tous les animaux, le rôle du SEC est essentiel dans le maintien de l’homéostasie pour un certain nombre de systèmes organiques.
- Le SEC module plein d’affaires
- Le système nerveux
- Le système immunitaire
- Par le biais de récepteurs et de molécules de signalisation chimique, le SEC participe au soulagement de la douleur et l’inflammation,
- Il module le métabolisme et la fonction neurologique,
- Il participe aux processus digestifs
- Il soutient la fonction de reproduction et le développement embryologique.
Le chercheur Silver est très optimiste sur l’avenir des recherches sur les cannabinoïdes. Selon lui, le SEC n’a pas encore révélé tous les secrets de la pathogenèse des maladies d’un côté et du maintien de la santé de l’autre.
Pathogenèse De patho-, «maladie» + — gène, «produire»…
Donc, la pathogenèse des maladies, et là je cite mon dictionnaire, c’est juste l’étude du processus par lequel une cause pathogène, connue ou inconnue, agit sur l’organisme et détermine une maladie.
Théoriquement, si les animaux non humains ont un SEC, on peut penser qu’ils pourraient, comme vous et moi, bénéficier de traitements préventifs et curatifs qui cibleraient le SEC.
Est-ce que des vaches qui sourient vont produire un lait souriant, plus léger, moins gras?
Il est important de comprendre que ce qui est parfait pour un soin ponctuel peut être dangereux dans l’alimentation quotidienne.
Et comme certains animaux ont un cycle de vie plus court et très propice à l’expérimentation, et bien une équipe a produit une étude sur les rongeurs et leur conclusion était claire et j’y vais plus ou moins texto :
La consommation de THC par une maman rat produit un faible effet sur le comportement de ses petits qui se traduit par une activité moindre. Au final, le THC affecterait moyennement le comportement cognitif et faiblement le comportement locomoteur et émotionnel des bébés rats.
Bon, on le sait maintenant, les animaux humains ne sont pas uniques avec leur SEC. Alors que sait-on en 2022 des avancées réelles en termes de traitements pour les animaux. Sans être exhaustif, j’ai trouvé des recherches qui concluaient que les traitements suivants étaient pertinents :
- Arthrose
- Démangeaisons
- Cancer
- Anxiété
- Crises d’épilepsie
Et comment administrer des soins aux animaux non humains? J’ai vu de l’huile, des capsules et des petites gâteries… C’est possible qu’il existe d’autres produits plus innovants. Je pense surtout aux chevaux qui peuvent valoir plus cher que ma maison… Les chevaux de luxe ont accès, par exemple, à des pansements d’argile pour diminuer certains problèmes à leurs jambes. On y introduit en plus des substances actives. Depuis au moins une vingtaine d’années.
J’ai trouvé une université du Texas qui semble se spécialiser dans les traitements de CBD pour les chevaux. C’est la chercheuse Kimberly Guay qui s’intéresse aussi à la nutrition animale à base de chanvre. C’est l’entreprise HempMy Pet qui finance cette recherche.
L’objectif de la recherche visait à comprendre la place que l’huile de CBD à spectre complet peut occuper comme outil pour atténuer le stress et réduire les blessures. Il y avait également un volet qui visait et là je cite texto, donc un volet qui visait à promouvoir la santé en minimisant la surstimulation de l’hypothalamus, de l’hypophyse et des glandes surrénales.
La conclusion de la recherche démontre des doses plus élevées de CBD à .6 mg/kg de poids corporel) étaient plus efficaces que des doses plus faibles de CBD. Le CBD était non détectable après 24 heures pour les deux dosages. S’agissant d’un animal qui subit des contrôles antidopage, c’est un détail important.
Avant d’aller plus loin, après les chevaux, on va discuter de l’éléphant dans la pièce. Oui, si vous consommez à la maison, vous êtes responsables de ne pas laisser trainer les médicaments prescrits par votre médecin, le chocolat prescrit par votre douce moitié et votre cannabis non prescrit par la SQDC. Si malgré toutes ces précautions, vous avez oublié une boulette de hach sur comptoir de cuisine, SVP ne pas demander de conseils sur Facebook. Consulter votre vet. Ou votre pédiatre… Cela dépend de l’animal qui a ingurgité votre bon stock.
Pendant les premiers mois de la légalisation, je me suis amusé à comparer les articles de la presse québécoise avec ceux de la presse du ROC et des États-Unis.
Alors que les spécialistes locaux incitaient les propriétaires à attendre, voici ce que je pouvais lire dans la presse de NY :
New York Medical Marijuana Program May Soon Include Care for Pets
Les législateurs de New York travaillent sur un nouveau projet de loi sur le cannabis médical. Le programme de marijuana médicale de New York pourrait bientôt inclure les soins pour les animaux de compagnie. 29 mai 2018
En janvier 2018, Green Island Naturals, une entreprise de la Colombie-Britannique offre plusieurs extraits de cannabis à usage médicinal pour les animaux non humains.
Leur pub dit, grosso modo, que :
Leurs teintures CBD Medico Pet sont une option contemporaine pour combattre l’anxiété, la douleur et d’autres maux chez les chiens et les chats. Le traitement par teinture de CBD est une option de traitement naturel. Le produit est doux et sans effet psychoactif. Il est conseillé aux propriétaires de prescrire une dose plus faible lors de la première exposition du chien ou du chat au traitement, et d’augmenter la dose si nécessaire.
Pour ma veille, j’utilise un logiciel libre qui s’appelle Zotero. Quand je visite un site et qu’une page m’intéresse, je peux la saisir en format HTML pour en garder une copie locale. ZOTERO pour les curieuses. Pourquoi je vous parle de mes bébelles normalement invisibles? C’est que j’ai fait des recherches dans ma veille Zotero et j’ai redécouvert un des premiers produits pour chien que j’ai croisé.
Les Smart Hemp Soft Bites, un produit américain :
Présentation du produit :
- Un savoureux délice au gout de bœuf et de bacon
- Formulées par des vétérinaires pour les chiens
- Faciles à ajouter au régime quotidien de chanvre de votre chien.
- Chaque bouchée molle contient 2 mg de chanvre PCR hydrosoluble,
- Suivez le mode d’emploi et donnez à votre chien la portion appropriée en fonction de son poids. Il est facile de couper les Soft Bites en petits morceaux pour les petits chiens. Et surtout, les Soft Bites contiennent ZÉRO THC!
Avantages :
- Formulé par des vétérinaires
- Soutiens le système endocannabinoïde de l’animal.
- Sans gluten ni céréales
- Saveurs que les chiens apprécient
- La boîte à large ouverture réduit les risques d’écrasement et permet un accès facile.
- Chanvre américain entièrement naturel, sans OGM et cultivé biologiquement.
- Formulé pour la pureté — Fabriqué aux É.-U.
C’est incroyable, hein!
Et bien cette compagnie n’existe plus. Son site web est fermé. Mais grâce à cette version locale, je peux constater ce qui a disparu… Et voir les reculs d’une industrie toujours à la recherche de ses marques.
Après Fabien Déglise, il y a aussi Stéphanie Vallet de La Presse qui a posé un regard thérapeutique sur le cannabis. Elle écrit sur le sujet le 12 novembre 2018. En gros texto :
Calmer la douleur, prévenir l’épilepsie, apaiser les angoisses. De nombreux propriétaires d’animaux se tournent vers de nouveaux produits à base de cannabis pour traiter leurs compagnons à quatre pattes. Bien que les produits soient seulement offerts sur le marché noir pour le moment, de nombreuses entreprises sont déjà prêtes à lancer officiellement leurs huiles, croquettes et gâteries à base de CBD ou de THC, des substances présentes dans le chanvre et le cannabis, dès que le gouvernement leur donnera le feu vert.
Stéphanie Vallet donne ensuite la parole à Sébastien Kfoury, le directeur des services vétérinaires de l’Hôpital vétérinaire Rive-Sud. Au moment de l’entrevue, M. Kfoury n’en avait encore jamais prescript. Un bon travail de la journaliste et du sachant. Les curieuses vont trouver un lien pour le commerce dans les notes de l’épisode. Il est ouvert 24/24, 7 jours par semaine. Mais je n’ai pas réussi à les rejoindre au téléphone… Ça ne répond pas.
Un mois plus tôt, la veille de la légalisation du 18 octobre 2018, chacun son rôle, good cop bad cop, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec publie ce communiqué :
Même si le cannabis récréatif est maintenant en vente libre pour les humains, la prescription par un médecin vétérinaire demeure obligatoire pour l’utilisation de cannabis médical chez les animaux. Toutefois, le manque de données probantes sur l’efficacité et sur les doses à recommander ainsi que l’absence de voie légale pour s’en procurer pour les animaux rendent la prescription non recommandable pour l’instant.
Au niveau canadien, c’est l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) qui livre ce travail de fond. L’ACVM a aussi travaillé avec le gouvernement du Canada et la Direction des médicaments vétérinaires (DMV) de Santé Canada.
Au fédéral, l’ACVM place très tôt ses billes en énonçant que :
- Les médecins vétérinaires devraient être inclus dans la définition de «praticien de la santé» en vertu du RACFM. Cela leur permettrait de fournir des médicaments contenant des cannabinoïdes à leurs patients vétérinaires.
- L’étiquetage des produits humains devrait inclure des messages afin de protéger les animaux.
Mais sans que je comprenne vraiment immédiatement toutes les ramifications de la chose, j’ai réalisé qu’il existe un Programme de notification des Produits de soins animaux, les PSA. Ce programme a sa page sur le site de Santé Canada. On y retrouve les vitamines, minéraux et médicaments traditionnels pour les animaux de compagnie et les animaux destinés à la consommation humaine.
Je me suis dit c’est merveilleux! Mais deux secondes plus tard, je me suis dit l’inverse… Pourquoi? À cause de ces deux paragraphes :
Le premier paragraphe :
Les exclusions suivantes s’appliquent, ce qui signifie qu’un produit appartenant à l’une ou l’autre des catégories suivantes ne peut être notifié dans la cadre de ce programme
Le deuxième paragraphe confirme que le cannabis ne peut être notifié. Oui, le…
Cannabis tel que défini dans la Loi sur le cannabis, à moins d’être exempté de la Loi par le biais du Règlement sur le chanvre industriel
Je comprends le mot notifié comme enregistré dans le sens d’une déclaration.
SI je comprends bien, un vétérinaire n’a donc pas le droit de prescrire du cannabis en 2022. Sans doute un oubli du législateur… Mon ovni sur le sujet est simple : je comprends formellement qu’aucun vétérinaire ne peut prescrire en aout 2022. Seuls les animaux humains ont le droit d’être les bénéficiaires d’une prescription de cannabis.
Depuis le début de la légalisation, l’intérêt des propriétaires de bêtes et de l’industrie vétérinaire pour le cannabis est en hausse. Probablement que tous les consommateurs qui ont des animaux de compagnie réfléchissent à haute voix sur les soins qu’ils aimeraient pour leur bête.
Oupppp, je viens de réaliser que je n’ai pas encore parlé des symptômes d’une overdose de cannabis chez les animaux de compagnie. Voici les symptômes les plus usuels après un délai de 60 à 120 minutes :
- Somnolence
- Abattement
- Vacillement
- Va-et-vient
- Agitation
- Sensibilité aux sons et à la lumière
- Miction inappropriée
- Pupilles dilatées
- Vomissements
- Yeux injectés de sang
- Salivation
- Fréquences cardiaques rapides ou lentes
- Faible température corporelle
- Vocalisation
- L’overdose sévère peut causer une crises d’épilepsie, le coma et mort
J’ai trouvé une liste des symptômes pour les humains et les deux se ressemblent beaucoup.
Vous saviez qu’il existe un secret professionnel entre vous et votre vet? Je viens d’apprendre ça. Vous pouvez donc en toute confiance lui dire ce que votre animal a ingéré pour que votre vétérinaire puisse lui donner les meilleurs soins possibles.
J’ai aussi remarqué qu’on fait plus de recherches sur les chiens que les chats. Je n’ai pas d’explication.
Si on fait un saut en aout 2021, on peut trouver un bel article de Émilie Gougeon-Pelletier dans Le Droit : Le titre? Du cannabis comme remède pour chiens anxieux.
C’est un article qui montre le leadeurship de Canopy Growth avec une belle mise en avant de M. Bob Menardi, le directeur des services techniques et éducatifs vétérinaires chez Canopy. Une belle opération de relation publique à l’époque où Canopy faisait tourner les têtes. Il y a avait aussi à cette époque un effort réel de Canopy qui avait même créé une division de santé animale. Cette division a d’ailleurs publié deux recherches. La première portait sur l’impact à long terme de l’utilisation quotidienne du CBD chez les chiens.
La deuxième étude de Canopy Growth s’intéressait à la sécurité et à la tolérance de doses croissantes de cannabinoïdes chez des chats en bonne santé.
Voici la conclusion des chercheurs :
Il s’agit de la première étude féline à explorer la sécurité et la tolérance du CBD et du THC, seuls et en combinaison, dans un cadre de recherche contrôlé. Ces résultats informeront les vétérinaires du profil de sécurité des cannabinoïdes, notamment lorsqu’ils envisagent l’utilisation thérapeutique potentielle du CBD chez les chats ou lorsqu’ils reconnaissent les signes cliniques associés à une exposition accidentelle à des produits contenant du THC.
Je crois qu’il s’agit d’une honnête recherche. Par contre, l’ensemble des chercheurs déclarent des conflits d’intérêts. Ils travaillent tous pour Canopy. Je le mentionne, car ce sont des arguments qui pourraient être utilisés pour discréditer la recherche et nuire à l’utilisation des cannabinoïdes en médecine vétérinaire.
La canadienne Martha Stewart, voyez la chance, s’est associé avec Bob Menardi pour développer des gâteries pour chiens au CBD. Mme Stewart travaille avec Canopy depuis le début de 2019. La marque Martha Stewart, rejoint 100 millions de consommateurs par mois, soit environ 70 millions de foyers distincts. Je ne connais pas les chiffres spécifiques pour le Canada, mais le jour où Mme Stewart pourra faire son entrée sur notre marché du cannabis, elle aura un réseau exceptionnel à sa disposition. Mais c’est une saga pour une autre fois.
C’est exactement pour cette raison que les partis politiques recrutent des journalistes. Ils arrivent avec un profil, un public et une forte reconnaissance. C’est exactement ce que Trump a fait aux États-Unis en squattant la télévision pendant plusieurs années. Journaliste, animateur, c’est pareil et tout bon pour les partis politiques.
On revient à nos animaux non humains.
Nos animaux de compagnie vivent de plus en plus longtemps. Comme les humains centenaires, une vieille chatte, un vieux chien auront des besoins particuliers. Comme chez les humains, la maladie d’Alzheimer va rôder autour de nos amies à quatre pattes.
IL est quelle heure? Oh c’est l’heure. Et MJ Merci beaucoup! Bonne semaine.
Ok, je me ramasse!
Votre chat veut se soigner avec des cannabinoïdes, personne ne peut vous aider.
Vous voulez faire traiter votre chat avec des cannabinoïdes? C’est n’est pas encore officiellement possible au Canada.
Et vous n’avez pas le droit de les aider.
Voilà le contexte actuel en rafale :
- Le marché des produits de soins animaux additionnés de cannabis est en croissance.
- Les études prouvant l’efficacité du CBD chez les chiens apparaissent un peu partout.
- Il y a encore peu de preuves cependant pour soutenir les allégations de bénéfices cliniquement significatifs.
- L’environnement juridique et règlementaire n’est pas connu des citoyens.
- La qualité des produits disponibles reste peu fiable.
- Peu d’études sur les produits à base de cannabis chez les chats
Si on est logique, voici ce que l’on peut imaginer et conclure…
- Le système endocannabinoïde (SEC) et les récepteurs cannabinoïdes ont le même fonctionnement chez tous les mammifères. Les bienfaits des cannabinoïdes pourraient également s’appliquer aux 6 495 espèces connues.
- Le CBD est sans danger pour les animaux humains. Cela devrait être également le cas pour les animaux non humains.
- Les produits de CBD destinés aux chats sont disponibles sans ordonnance dans plusieurs pays.
- Il existe peu d’études directes sur les chats pour des pathologies spécifiques, telle l’agressivité.
- La FDA n’a jamais approuvé un produit à base de cannabis. Le Canada va sans doute adopter la position de la FDA comme elle le fait fréquemment, faute d’avoir les moyens de ses ambitions. Donc, ce n’est pas demain matin que Santé Canada va approuver les Produits de Santé Animale à base de cannabis.
- Aucun vétérinaire ne peut actuellement prescrire du CBD sauf en Californie, semble-t-il.
- Le risque d’interaction entre le CBD et certains médicaments avec les enzymes métaboliques du foie peuvent causer des problèmes.
Et maintenant avant que j’oublie, voici les traitements pour soigner un animal de compagnie qui vient d’ingurgiter du cannabis.
- On parle généralement d’un suivi ambulatoire. Il s’agit de soins où la prise en charge médicale est de courte durée et sans hospitalisation.
- Le spécialiste peut aussi administrer du charbon actif pour stopper toute absorption supplémentaire de la substance ingérée. Cela faciliterait simultanément la décontamination de l’animal.
- Les antiémétiques font aussi dans l’arsenal habituel. Il s’agit de médicaments pour combattre le vomissement. J’ai aussi compris qu’il peut être utile de faire vomir les chiens et les chats si la substance toxique a été ingérée dans la demi-heure précédente.
- Des fluides intraveineux peuvent être administrés comme une forme de soins de soutien. Cela permet de réduire la déshydratation et l’hypothermie.
Actuellement, ce sont les soins dont on parle le plus. Le législateur québécois s’intéresse avant tout aux méfaits du cannabis. Il s’intéresse notre législateur aux soins nécessaires pour corriger l’erreur des maitres ou des parents.
Oui, les chats et les enfants n’ont pas le droit d’entrer à la SQDC, car ils ne peuvent présenter une pièce d’identité… Par contre, je pense que dans 2-3 ans, l’industrie vétérinaire va pivoter au fil des changements de la législation pour devenir pourvoyeur de conseils et de produits de mieux-être pour nos animaux de compagnies.
J’ai confiance. Le législateur est une drôle de bête. Mais c’est une bête qui peut être domptée. Une fois aux 4 ans.
Et voila, c’était le 116e épisode de toPot.
Questions, commentaires, critiques n’hésitez pas à m’écrire : lucprevost@hotmail.com.
Je vous remercie pour votre écoute, vos partages et vos suggestions.
Allez!
Bonne semaine.
Beaucoup de bienêtre.
Et bon chanvre!