Bon Stock rencontre Kim Bercet et Marine Zanini, deux entrepreneuses françaises qui font évoluer la dissémination de l’information sur le cannabis de façon originale.

miuk-io Page accueil reportage Bon Stock
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Marine et Kim, vous pouvez expliquer les trajectoires personnelles qui vous ont mené dans l’univers du cannabis?

(Kim) Dans mon cas, j’ai mis un premier pas dans ce domaine en m’engageant dans la protection des patients, ceux qui finissent en prison pour s’être automédiqués avec du cannabis.

Notre association a été la première en Europe à créer des colloques internationaux sur les avancées pharmacologiques des cannabinoïdes (à l’initiative de Bertrand Rambaud et de Sébastien Béguérie). Le but étant d’ouvrir l’information au public pour protéger et pour soutenir. La compréhension minutieuse de l’action de cette plante sur notre organisme peut ouvrir un large champ d’application et faire évoluer non seulement la pharmacopée, mais la façon dont la médecine interagit avec ses patients. Seulement, la légalisation ne rime pas obligatoirement avec médecine, recherche et accessibilité. Donc il y a un coche à ne pas manquer. Après plusieurs années à travailler dans ce Far West de l’industrie du cannabis j’en suis venue à penser des solutions pour accompagner une légalisation responsable qui s’inscrive sur le long terme. Et pour moi ça inclut la médecine, la recherche et donc la pédagogie.

C’est comme ça que j’ai embarqué Marine, une digitale entrepreneuse, très active dans son domaine, avec une grande sensibilité et des valeurs profondes. Nous voilà maintenant deux éclaireuses !

Le fait d’être deux femmes d’affaires dans un milieu où encore peu de femme se sont lancer est-ce un atout ?

(Marine) Pour l’instant, être une femme n’a été ni un atout ni une contrainte. C’est vrai que comme on parle d’une nouvelle industrie on aimerait que tout soit innovant, mais de ce qu’on a pu voir, le cannabis n’a pas encore révolutionné les questions de parité homme/femme. Mais j’ai découvert de nombreuses initiatives portées par des femmes reconnues et très impliquées, que ce soit dans la médecine, dans la recherche, dans la protection ou même dans la justice. L’expertise n’est pas réduite à un sexe. Après, quand on parle de financement et d’industrie je crois que ce n’est pas si différent des autres domaines. Quoi qu’il en soit, que les femmes et les personnes qui veulent faire avancer les choses n’hésitent pas à se lancer, car il y a encore beaucoup à apporter.

miuk. c’est quoi ?

miuk. c’est la rencontre entre une spécialiste du CBD & du cannabis avec une digitale entrepreneuse. Aujourd’hui, on co-fonde une entreprise autour de solutions qui entremêlent technologie, pédagogie et santé. D’un côté, on a de l’information pour le public (les consommateurs et les citoyens), de l’autre on a de l’information pour les institutions et pour l’industrie. En éclairant les différentes parties prenantes, on optimise nos chances d’avoir des relations saines et de mieux se comprendre.

Logo miuk

On s’est demandé comment on pouvait venir en appui aux questions de sécurité de la santé publique. Alors on a créé un compagnon original d’information, de prévention et de sensibilisation sur le cannabis et le CBD.

Pour l’instant, ça prend la forme d’une messagerie instantanée qui te donne un libre accès partout et en tout temps à une information centralisée, sourcée ou certifiée ainsi qu’aux ressources disponibles sur son territoire.

Les données que l’on récolte sont anonymes, et les réponses que l’on donne sont sans a priori.

Est-ce une solution qui fonctionne dans toutes les juridictions?

C’est le gros avantage avec miuk.. On voulait une solution qui s’adapte partout, autant dans le contenu que dans les spécificités du territoire et de la langue. Les solutions numériques permettent d’être très agile.

miuk. est un outil de vente, de marketing ou d’éducation?

miuk. est essentiellement un outil pédagogique, une plateforme qui rend accessible de l’information et qui récupère de la donnée.

Kim Et Marine Reportage Bon Stock
Marine Et Kim, alias «La Paire»

Les données récoltées serviront à soutenir les institutions et à accompagner au mieux la mutation de ce marché.

Notre projet répond à un véritable enjeu de santé publique et apporte par exemple une solution à la mission de la SQDC qu’est la protection et la sécurité des citoyens et des consommateurs à la suite de la légalisation.

Maintenant, pour pouvoir être visible, il faut aller là où les gens vont pour trouver des réponses et ça passe par les organes institutionnels, mais aussi, et même beaucoup par les sites internet des marques et des (re)vendeurs.

En étant disponible chez eux, miuk. contribue à actionner des leviers marketing tout en cherchant à responsabiliser les différents acteurs.

Comment l’anonymat des utilisateurs est-il protégé?

L’anonymat c’est un sujet qui a toute son importance pour nous, parce que légal ou pas légal, ça reste brulant. Pour l’instant, l’anonymat est respecté parce qu’on ne récolte aucune donnée personnelle. On ne fait pas de rapprochement entre une personne et les informations qu’elle recherche. L’objectif c’est de ne freiner personne et surtout de n’afficher personne sur ses usages.

Comment validez-vous le contenu scientifique de l’application ?

Pour l’instant, tout est sourcé sur un document facilement accessible et mis à jour régulièrement. C’est un travail minutieux pour rechercher, regrouper, lire, traduire et vulgariser des sources officielles et scientifiques. On travaille beaucoup avec le contenu de l’IACM (Association internationale des cannabinoïdes en médecine), mais aussi avec des contenus publiés par les institutions de différents pays, les cliniques spécialisées, et un pourcentage écrasant de sources Pubmed.

Dans un second temps, on travaille à rallier des experts de notre réseau pour venir certifier des sujets “brulants” notamment sur la recherche médicale et sur des questions juridiques qui sont souvent amenées à bouger.

Nous voulons devenir un espace où les experts peuvent s’exprimer et être entendus par le plus grand nombre.

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ?

La principale difficulté que l’on rencontre pour l’instant, c’est celle de s’entourer d’acteurs sérieux qui souhaitent s’inscrire dans une démarche durable et responsable. On le disait au début, l’industrie du cannabis c’est encore le Far West alors il est important de faire le tri dans les collaborateurs. Le côté « tendance » par exemple du CBD en France prend souvent le pas sur la qualité et sur le sérieux. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde et heureusement !

Comment est structuré le commerce du CBD en France ?

Pour commencer, en France on mène un combat contre la terminologie. On parle de CBD ou de « chanvre bien-être » en insistant bien sur le fait ce n’est pas du cannabis. Déjà que le sujet est un peu nébuleux… Ce qui crée cette différence c’est tout simplement le taux de THC autorisé dans un produit. En décembre 2022 ce taux est passé de 0,2% à 0,3%.

Rien n’est encore officiellement légalisé en France. On a néanmoins un circuit de distribution, dans les bureaux de tabac, chez les grandes enseignes de distribution comme Monoprix, chez certaines pharmacies, dans des magasins spécialisés ou encore en ligne.

Il existe des associations qui aident à structurer et qui viennent en soutien aux professionnels du CBD et aux producteurs de cannabinoïdes. Elles devancent un peu la législation et l’accompagnent de la même manière. Les choses s’organisent et même si on a l’impression que la France est en retard, elle a de belles expertises et de grands projets en construction.

Quel accueil MIUK reçoit de l’industrie française ?

Pour l’instant on est très bien reçu parce qu’on répond à une problématique précise pour laquelle il n’existe pas vraiment de solution originale. Mais comme on est en phase de lancement, on pourra bien mieux te répondre dans quelques mois. 🙂

Quel type de déploiement souhaitez-vous pour la France ?

Dans un premier temps, on installe miuk. chez des clients (marques, revendeurs) alors si vous êtes intéressés n’hésitez pas ! Et sur un plus long terme, on aimerait toucher les institutions.

miuk. sera au Québec en décembre avec l’OFQJ. Pourquoi?

On a vraiment la volonté de travailler avec des acteurs québécois autour d’une problématique qui nous réunit ; la santé publique. On aimerait beaucoup développer nos solutions ici au Québec. Entre nos deux territoires francophones, il y a une vraie complémentarité entre expérience et expertise. Grâce à l’OFQJ, on peut participer cette année au forum de l’Industrie de la Santé de Québec (FISC). Ça nous permettra de challenger notre vision, de mieux comprendre les enjeux et les problématiques terrain.

Vous connaissez toutes les deux le Québec. Qu’est-ce qui vous attire ici ?

Tout ! La dynamique, la vision du travail, de la vie, l’ambiance, la chaleur, non non, on ne rigole pas ! On a chacune un lien très fort avec le Québec après y avoir vécu quelques années, on revient souvent.

La perception du cannabis en France et au Québec est différente ? Quels sont les facteurs qui nous unissent ?

Il y a évidemment des différences flagrantes sur le point législatif. Vous avez un marché plus mature et déjà structuré. Vous êtes aussi plus ouvert sur le sujet, même avant la légalisation, vous n’avez pas le même passif avec la plante. Le pot était, je pense, un peu moins tabou chez vous qu’il ne l’était chez nous.

La France, et de manière plus globale, l’Europe, regarde beaucoup vers le Canada et le modèle québécois pour s’inspirer des actions à mener et à venir.

Ce qui nous unit c’est la volonté de ne pas laisser les industriels faire les lois, comme c’est beaucoup le cas aux États-Unis. Il y a une volonté partagée d’encadrer de façon sécuritaire ce marché et d’être prudent quant aux débordements. Je dirais des valeurs communes qui se développent sur un sol différent, pas avec les mêmes nutriments ni avec les mêmes conditions.

miuk. au Québec un jour?

2023, on fait tout pour !

FIN

Bon Stock vous invite à consulter le site www.miuk.io , le compte LinkedIn et Instagram de miuk.

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