La légalisation canadienne du cannabis a inspiré les pires peurs dans plusieurs juridictions… Et si la légalisation du cannabis menait à une augmentation des maladies psychotiques transitoires et persistantes? On peut penser à la France qui stoppe l’utilisation d’un vaccin COVID le lendemain de la publication de documents en Italie, mais qui a besoin d’une expérimentation de plusieurs années pour juger de la pertinence du cannabis médical. Heureusement, pour tous les pays qui hésiteraient encore, les chercheurs canadiens se sont intéressés au sujet.
Le titre de l’étude est clair : Associations entre la légalisation du cannabis au Canada et les présentations aux urgences pour des états psychotiques et schizophréniques transitoires induits par le cannabis : Ontario et Alberta, 2015-2019
Pourquoi ces peurs? Peut-être à cause d’une étude datant de 2005 qui affirmait que l’administration de THC aggrave les symptômes psychotiques des patients atteints de schizophrénie:
Un défi pharmacologique expérimental impliquant des patients atteints de schizophrénie a montré que l’administration de THC aggrave les symptômes psychotiques .
Les peurs habituelles
Les chercheurs ont longtemps cru que plusieurs facteurs contribueraient à l’augmentation de ce type de risques dans le contexte de la légalisation :
- Diminution de la nocivité perçue.
- Augmentation de la disponibilité du cannabis.
- Élimination des sanctions pénales qui dissuadent de consommer.
- Changements dans les normes sociales.
Indépendamment de ces risques, la légalisation à des avantages reconnut :
- Diminution des impacts d’un fardeau lié au cannabis sur le système judiciaire.
- Réduction de la criminalisation et de la stigmatisation liées au cannabis.
- Accès règlementé et à qualité contrôlée aux produits du cannabis.
- Développement de protocoles de traitement liés au cannabis.
- Interventions de réduction des risques.
Uniquement en Ontario et en Alberta
Les auteurs de la recherche croyaient initialement que la légalisation du cannabis allait créer une augmentation des consommations dangereuses qui, par ricochet, allait faire augmenter le nombre de cas d’urgences pour des psychoses induites par le cannabis ainsi que des syndromes psychotiques plus persistants.
L’étude se limite à l’Alberta et à l’Ontario, car ce sont les deux seules provinces canadiennes qui soumettent 100 % des cas d’urgence au système de données SNISA, le Système national d’information sur les soins ambulatoires. Le Québec, qui s’inquiète tant de son budget de la Santé, ne sait donc pas ce qui se passe vraiment dans ses urgences. Mais c’est une saga pour une autre fois.
Les chercheurs ont décidé de s’intéresser principalement aux manifestations suivantes :
- Psychose due au cannabis.
- Schizophrénie et affections connexes.
- Psychose due aux amphétamines.
- Psychose due à l’alcool.
Les modèles de l’étude n’ont mis en évidence aucun changement dans toutes les catégories de substances depuis les débuts de la légalisation. AUCUN!
La conclusion de l’étude est limpide
… le projet ne montre aucune relation entre la première phase de légalisation du cannabis au Canada et les consultations aux urgences pour des psychoses dues au cannabis ou des troubles liés à la schizophrénie dans les 14,5 mois suivant la légalisation. Étant donné que la loi sur le cannabis a rendu obligatoire un examen public des avantages et des inconvénients de la légalisation pour la santé, l’étude actuelle vise non seulement à offrir des preuves initiales pour cette évaluation canadienne, mais aussi à fournir un soutien préliminaire pour des discussions similaires sur le calcul coûts-avantages dans d’autres juridictions.
Une étude ne fait pas le printemps et le triomphalisme idiot ne sera jamais de mise. Si la recherche n’arrête pas de contredire les détracteurs du cannabis, c’est une bonne chose pour le cannabis, mais surtout pour la science qui a le droit de changer d’avis… avec des preuves.